L’Echo du 31 janvier : Inondations, des questions… crues !

Bonjour,

200 litres d’eau au m² tombés à Rennes en un mois, c’est un record depuis 1944 (le début des mesures de pluviométrie) ! Evidemment, cela ne pouvait que provoquer des crues, qui sont un phénomène normal… on l’avait un peu oublié dans les dernières décennies. Pourquoi avoir artificialisé abondamment dans des zones submersibles ? Sans doute parce qu’on pensait avoir la maîtrise des flux grâce à nos barrages et autres aménagements… et parce que les métropoles n’ont cessé de croître, attirant de nouveaux habitants, emplois, services, commerces, dans un cercle infini.

Pourquoi avoir, à partir des années 60, rendu les cours d’eau rectilignes, drainé les champs, arasé les talus, abattu les haies, labouré de plus en plus profond ? Parce que l’agriculture devait se « moderniser », éliminant tout ce qui ne semblait pas productif ou gênait la marche des machines… Aujourd’hui on s’en mord les doigts, comme on l’avait fait l’an dernier dans le nord de la France : les sols cultivés ont perdu leur capacité à absorber et retenir l’eau, comme le font les prairies permanentes que l’on tend aussi, hélas, à abandonner dans l’ouest. Reconstituer les méandres d’un ruisseau, comme on a commencé à le faire timidement ces dernières années, coûte très cher…

Des questions gênantes ne sont pas posées, devant ce ciel qui nous tombe sur la tête depuis tant de mois : que font les agriculteurs quand leurs fosses à fumier ou à lisier sont pleines ? Ils vont les vider dans les champs, sans les bâcher, mais les pluies entraînent alors tout cet azote vers les rivières. Mais ne montrons pas du doigt les paysans, je me demande aussi ce que devient le contenu de nos égouts et stations d’épuration quand tout déborde !

Enfin, ces précipitations abondantes sont-elles dues au dérèglement climatique ? Oui, répondent les climatologues, l’atmosphère devenue plus chaude contient beaucoup plus d’eau, ce qui conduit à des phénomènes de « rivières atmosphériques » se déversant de façon plus brutale dans certains points du globe, quand d’autres à l’écart de ces flux ne reçoivent pas une goutte d’eau pendant plusieurs années. Et l’on se prend à rêver : plutôt que d’immenses oléoducs et gazoducs qui traversent les continents, pourquoi pas de longs tuyaux qui pomperaient l’eau tombée en excédent à certains endroits, vers les contrées où sévit la sécheresse ? Le début d’une ère de partage des ressources… 

Lien vers l’Echo n° 4